Réflexions à l’application de la loi d’accélération de l’énergie et agrivoltaïsme – les services rendus

Référence au sommaire de la loi –Titre III : MESURES TENDANT À L’ACCÉLÉRATION DU DÉVELOPPEMENT DE L’ÉNERGIE SOLAIRE, THERMIQUE, PHOTOVOLTAÏQUE ET AGRIVOLTAÏQUE (Articles 34 à 55)


L’amélioration du potentiel et de l’impact agronomiques

L’idée du potentiel agronomique est trop souvent limitée à une approche purement de fertilité ou une transcription d’un bon rendement céréalier comme une valeur absolue. Or les aptitudes et les capacités d’un sol, dans un contexte pédoclimatique, à porter des productions agricoles dépendent en réalité d’une multitude de variantes dont :

  • De l’état du sol : historique de son usage, état de la biodiversité et de la vie du sol…
  • Des productions que l’on souhaite mettre en œuvre
  • Du référentiel local

Cette évaluation et le service rendu est donc particulièrement complexe à démontrer face à la grande multiplicité des situations que nous pouvons rencontrer. Il parait délicat de cibler ce paramètre comme qualifiant pour un projet agrivoltaïque dès lors qu’il sera très complexe de préciser toutes les variables.

Par exemple, pour témoigner de cette complexité l’outil TypTERRES en cours d’élaboration vise à aboutir à une typologie agronomique partagée à la suite du travail de caractérisation des sols par le GIS SOL. Pour témoigner de la complexité de l’exercice, l’application définit 30 à 50 types agronomiques par département par agrégation de 140 à 380 types de sol. Chaque type étant lui même décrit par 36 variables.

Pour aller en savoir plus sur les sols et leurs aptitudes :

lien vers GISSOL

L’adaptation au changement climatique

Nous notons que la protection contre les aléas et l’amélioration du bien-être animal sont finalement des adaptations au changement climatique. Il s’agit donc d’un service également protéiforme et variant suivant les productions et suivant les références locales.

Le changement climatique confronte l’agriculture à différents types de difficultés :

  • Augmentation moyenne de la température : accélération de la phénologie des végétaux (cycles) (mais augmentation des risques de gel au printemps)
  • Augmentation des évènements extrêmes (intensité et fréquence) : sécheresses, canicules, orages violents, gel, grêle, … Service de protection contre les aléas
  • Changement du régime des précipitations, pouvant générer des restrictions d’eau estivales plus ou moins importantes, des contraintes sur l’autonomie fourragère (les éleveurs parlent d’un deuxième hiver nécessitant de nourrir au foin pendant les sécheresses estivales)
  • Augmentation du risque de glissement de terrain
  • Augmentation du risque d’inondation fluviale ou côtière
  • Hausse du niveau de la mer et hausse de la salinité de certaines zones côtières (toxicité pour les végétaux)
  • Baisse du confort hydrique des cultures
  • Avancement des calendriers culturaux
  • Risque d’échaudage (accident de croissance)
  • Baisse du confort d’été des animaux (la zone de confort des bovins se situe entre 0 et +20°C seulement) … Service d’amélioration du bien-être animal
  • Augmentation ou diminution de certains risques pathogènes
  • Augmentation de la sécheresse édaphique (sol)
  • Baisse des réserves souterraines…

Et également à quelques bénéfices dans une certaine mesure : hausse de la concentration de CO2 qui permet une augmentation de la croissance des végétaux (jusqu’à un certain niveau d’élévation de la température).

Les effets de tous ces changements sur les différentes productions agricoles ne sont pas généralisables car diffèrent suivant les filières et les régions, et varient évidemment très fortement d’une année sur l’autre. Dans toutes les filières, et dans toutes les régions, des travaux sont menés pour expérimenter différentes pratiques, tester de nouvelles variétés, mais il n’existe pas, par construction, de « base de données » précise et nationale.

Pour en savoir plus sur le changement climatique et ses conséquences sur l’agriculture :

Agriculture et Climat - Ministère de l'agriculture et de la l'alimentation

Nos propositions de services agrivoltaiques

Selon notre retour d’expérience, les leviers d’actions du photovoltaïque peuvent être étudiés par rapport à deux principaux enjeux agricoles (sans pour autant en être la solution) :

  • Maintenir le tissu d’exploitations agricoles sur les territoires et sur la durée (-20% d’exploitations en 10 ans pour -1% des surfaces exploitées)
    • Faciliter l’accès au foncier dans le cadre d’une installation
    • Diminuer la pénibilité et augmenter la fonctionnalité des exploitations
    • Soutenir la recherche de repreneur et améliorer l’attractivité
    • Partager les coûts liés à la transmission
  • Sécuriser les prises de risques et anticiper les mutations du système agricole :
    • Aider à la diversification
    • Servir de moteur ou de pilote local pour tester de nouvelles productions/pratiques
    • Optimiser et préserver les ressources notamment la ressource en eau
    • Investir dans les filières agricoles et les outils de valorisation
    • Mutualiser et réfléchir collectivement aux problématiques agricoles

Attention toutefois aux risques et dérives liés à une décorrélation entre les ambitions énergétiques et la réalité des filières agricoles (alibis liés à la rente du loyer, rétention de foncier par les propriétaires ou investisseurs pendant 5 à 9 ans à minima, absence de partenaires locaux ou de concertation, taille des projets trop grandes par rapport aux capacités de travail des exploitations …).

Les généralisations de méthodes ou de leviers techniques ne permettent pas de prendre en compte les particularités et priorités des exploitations ou des territoires. Il est nécessaire d’adapter à chaque profil rencontré. Comme le rappelle l’étude ADEME, le développement est encore très récent et il faudra plusieurs années de suivi pour fournir un réel retour d’expérience.

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