Notre synthèse des conséquences de la crise sanitaire sur l’économie agricole définie comme essentielle.
Filières céréalières et grandes cultures
Premier article de notre série d’analyses des conséquences du COVID-19 sur les filières agricoles (voir notre article introductif), nous vous proposons une synthèse des effets du COVID-19 sur les céréales et les grandes cultures ainsi que sur la chaîne de valeur de leur transformation.
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Un bilan très hétérogène en fonction des cultures
La filière céréalière a surtout été affectée sur le maillon de la commercialisation. En France, environ la moitié de la production de grandes cultures part à l’export. La moitié restante est soit valorisée en l’alimentation humaine, soit en alimentation animale soit en biocarburant.
Pour la part des céréales destinées à l’alimentation humaine, les consommateurs ont fortement augmenté la demande en farines sachets, la cuisine des ménages ayant été favorisée par la fermeture des restaurants. Nombreux ont été ceux qui ont constaté des pénuries temporaires en farine en magasins voire une hausse des prix. Pourtant c’est seulement 5% de la farine consommée habituellement et cela n’a pas permis de compenser les -50% de ventes pour les moulins à destination des boulangeries artisanales. En revanche, la consommation de pâtes a fortement augmenté et nous constatons que la filière du blé dur se porte ainsi très bien.
Toutefois, ce n’est pas le cas des filières de malteries et de brasseries pour lesquelles les fermetures des bars occasionnent une diminution de 35% des ventes de bières en mars.
De même, la diminution de la consommation de biscuits affecte la filière sucre doublement impactée par la chute de la filière biocarburant en raison de l’effondrement du prix du pétrole. Il en est de même pour les productions de colza essentiellement valorisées par cette filière biocarburant.
Le blé français s’exporte très bien vers les pays-tiers et le port de Rouen connaît une hausse de 24% de ses exportations. A noter que de grands pays producteurs ont adoptée des positions protectionnistes (arrêt des exports pour une sécurisation alimentaire de leur population)
Les agriculteurs sont donc moins directement impactés que d’autres filières (voire prochainement la filière Fruits&Légumes par exemple) pendant cette période étant en période de semis. Toutefois, des incertitudes relatives à la commercialisation sont ressenties.
Quelles perspectives pour la filière céréales ?
A premières vues, un retour progressif à la normale est attendu. La forte mobilisation des acteurs de la filière ont permis aux agriculteurs d’assurer leur mise en production quasi-normale. Peu d’éléments témoignent d’une augmentation du taux de valorisations locales des productions de grandes cultures. Aussi, les prix des biocarburants pourraient être de nouveau à la hausse avec le retour à un « prix avant-covid » du baril de pétrole.
Toutefois, des certaines filières pourraient être affectées pour plusieurs campagnes par ces mois difficiles (colza, orge, lin textile par exemple). Un soutien des organismes transformateurs et de collecte pourrait être nécessaire. Une analyse des assolements culturaux pourront permettre d’estimer l’année prochaine les conséquences long terme pour les filières.
Du coté de CETIAC, nous porterons une attention particulière aux préconisations que nous ferons dans le cadre du dimensionnement de mesures de compensation agricole collective. De nouveaux besoins pourraient être relevés par les acteurs céréaliers des territoires.
A venir l’analyse des conséquences du COVID-19 sur la filière viande